• Retour aux sources...

    Dans un bus bondé de gens, sur la route en direction du Parc National de KAZIRANGA au nord est de l’Inde, dans l’Etat de ASSAM, se trouvait un jeune indou assis au milieu des hommes, des femmes, des enfants. Le bus était parti le matin de la capitale GALAGHAT.

    Le jeune homme habillé comme un citadin se rendait pour la première fois dans cette partie de son pays. Il avait grandi dans la ville où ses parents tenaient un magasin de vêtements et de tissus.

    Les autres passagers vêtus simplement observaient le jeune homme. Au fond de l’habitacle du véhicule s’entassaient des caisses, des gros sacs et des cages à poules…

    En cette saison de l’année, il faisait chaud et humide. L’air était pesant et lourd, bientôt la saison des moussons allait débuter.

    Après quelques heures de voyage sur des routes non goudronnées, le bus arriva enfin aux portes de ce Parc Naturel qui accueille chaque jour de très nombreux visiteurs.

    Le jeune indou attrapa sa valise et descendit du bus. Puis il s’avança vers le bâtiment où se trouvait l’entrée principale.

    Devant le guichet, une file d’attente était formée, composée de touristes et d’indous venus pour voir cette magnifique réserve naturelle qui abritait de nombreuses espèces animales.

    Lorsque son tour arriva, notre voyageur sortit une pièce d’identité et l’argent pour le prix du billet. L’employé du parc tendit le ticket, et regarda longuement la carte où était inscrit le nom du jeune homme.

    Soudain il se leva et s’en alla dans un bureau à côté de la caisse. Les minutes passaient, les gens derrière le jeune visiteur commençaient à s’impatienter. Puis après une demi-heure, l’employé du parc revint suivi d’un homme en costume. Ce dernier s’approcha du jeune homme et lui tendit la pièce d’identité en disant :

    -« Nous sommes très honorés de votre visite Monsieur. Le parc serait très heureux de mettre à votre disposition un guide. Votre arrière grand père et votre grand père ont vécu et grandi dans cette jungle et dans notre village personne n’a oublié votre aïeul Mowgli !!! »

    Le jeune indou fit un signe de la tête en souriant et rangea sa carte dans la poche de sa veste.

    Il serra la main de l’employé et de l’homme en costume en les remerciant.

    Dans un nuage de poussière, un jeep arriva et s’arrêta devant le bâtiment. Un vieil homme la conduisait. Il descendit de la voiture et s’approcha du groupe d’hommes qui se tenait devant le guichet du Parc. Le responsable fit signe à l’employé de retourner à son poste. Il sera la main du nouveau venu en le présentant à l’arrière petit fils du petit d’homme.

    -« voici votre guide, c’est le plus ancien du parc ! Je pense qu’il est temps que je vous laisse découvrir cette merveilleuse jungle ! Bonne visite ! ».

    L’homme en costume retourna à son bureau tandis que le jeune visiteur et son chauffeur se dirigeaient vers leur voiture.

    En s’asseyant sur les sièges avant du véhicule, le chauffeur s’exclama :

    « Bon ! Nous allons rester ensemble quelques heures à visiter ce parc, ce serait mieux si on s’appelait par nos prénom : je m’appelle Harry et vous ? »

    Le jeune homme répondit timidement :

    -« je m’appelle  Louis… »

    -« Hum…vous ne m’avez pas l’air très bavard…ce n’est pas grave ! Allez hop nous allons rendre visite aux éléphants ! » Dit Harry en démarrant sur les chapeaux de roue, dégageant un nuage de poussière.

    Le long de la route, des troupeaux de buffles broutaient paisiblement habitués par la visite de nombreux touristes. De la forêt s’échappait des cris d’animaux, sans doute des singes s’amusant dans les arbres. Des oiseux colorés s’envolaient dans le ciel offrant un magnifique ballet au jeune visiteur.

    La jeep ralentit en approchant de vielles maisons en ruine au bord de d’une rivière, le guide expliqua : -« L’ancien village se trouvait là, mais quand le pays a décidé de créer ce parc national les villageois ont du partir. Certaines familles sont allées en reconstruire un nouveau mais beaucoup ont préféré partir pour la ville… »

    -« C’est là que mon arrière grand père a grandit et vécu après avoir quitté ses amis de la jungle ! » dit Louis.

    La voiture continuait sa route lorsqu’au détour d’un virage les deux hommes aperçurent un grand troupeau d’éléphant. Ces pachydermes allaient et venaient mangeant les feuilles et l’herbes en toute tranquillité. Le conducteur approcha lentement le véhicule pour être assez près de ces animaux.

    Le jeune homme s’adressa doucement au guide :

    « Est-ce que ces éléphants sont les descendants du Colonel HATHI ? »

    Le guide regarda le jeune homme et lui répondit d'un ton grave :

    -« Non Louis. Avant que le parc Naturel soit créé de nombreux braconniers sévissaient dans cette région, car ici aussi comme en Afrique cet animal est chassé pour son ivoire. A l’ouverture du Parc, il n’y avait plus un seul de ces animaux. Mais heureusement avec l’aide d’un autre parc national de l’Inde, nous avons pu réintroduire l’éléphant ici ! »

    Pendant que le guide parlait, Louis contemplait ces majestueux et nobles éléphants. Leurs défenses étaient longues et d’un blanc éclatants sous le soleil. De petits éléphanteaux gambadaient et jouaient. De temps en temps, l’un d’eux poussait un cri si puissant que nos deux hommes devaient se boucher les oreilles !

    Le conducteur alluma le moteur de la voiture et démarra doucement pour ne pas effrayer les éléphants. Il continuait sur la piste bordée d’arbres immenses, à vive allure quand soudain le véhicule s’arrêta net. Harry coupa le moteur et fit signe au jeune indou de ne pas faire de bruit.

    A quelques mètres du véhicule, sur le bord de la piste, une queue noire dépassait des buissons.

    Puis après quelques minutes, la tête d’une belle panthère noire apparu, dépassant au milieu des feuillages. Lentement elle s’avança sur le bord de la route, en observant attentivement les deux hommes. Elle s’approcha en direction de la jeep. Le jeune indou commençait à sentir la peur monter en lui. Ses jambes commençaient à trembler. Tandis que le guide, calme et attentif à chaque mouvement de la bête, dégrafa lentement l’étui de son révolver.

    La panthère noire s’arrêta à quelques pas fixant les hommes. Pendant un instant personne n’osait bouger ni les humains, ni l’animal. Ils restaient là à se regarder…

    Puis le félin fit brusquement demi-tour et repartit en courant pour s’engouffrer et disparaitre dans la jungle.

    Le jeune visiteur et le guide se regardèrent, et Harry s’exclama :

    -« Ouf ! On a échappé de justesse mais quel beau spectacle !!! »

    Le chauffeur s’apprêtait à rallumer le moteur lorsqu’il demanda :

    -« Mais pourquoi venez vous ici Louis, vous cherchez quelque chose? »

    Le jeune homme attrapa une gourde d’eau et bu quelques gorgées puis répondit :

    -« Mon grand père me racontait souvent l’histoire de son père Mowgli et sa jungle. Depuis longtemps je rêvais de venir découvrir l’endroit où mon grand père avait grandi. Dans ce village, en pleine nature sauvage. Je viens ici pour mieux connaître mes origines avant que je ne parte pour l’Europe à Londres poursuivre mes études… »

    Le guide s’exclama :

    -« Allez en route sinon on sera jamais rentré avant la fermeture du Parc ! »

    La voiture repartit, s’enfonçant d’avantage dans cette épaisse forêt tropicale. Ils arrivèrent devant un ancien temple recouvert de lianes et de végétation. Des arbres poussaient au milieu des ruines. Sur les branches les plus hautes, des singes avaient élu domicile et sautaient de branches en branche effrayés par le bruit du moteur de la jeep.

    Harry coupa aussitôt le contact du véhicule. Le jeune homme descendit de la voiture et s’avança pour observer de plus près les singes. Louis regardait ces animaux longuement quand il fut soudain surpris par le coup de klaxon. Les singes s’enfuirent dans les arbres.

    -« Allez ! Venez, il faut continuer. » Cria le guide

    Ils reprirent le chemin laissant le temple derrière eux se dirigeant vers l’entrée du Parc. Il allait bientôt être l’heure de fermer le parc aux visiteurs pour s’occuper des animaux.

    Sur le retour, le jeune Louis se demandait pourquoi il n’y avait pas d’ours. Après avoir hésité, il se décide enfin à demander à son guide :

    -« Mais vous n’avez pas d’ours dans le parc ? Pourtant il y en avait avant, me semble-t-il ? »

    -« Ah ! Les ours !...oui en effet, il en avait avant ! Mais nous n’arrivons pas à empêcher les contrebandiers de les chasser pour leur fourrure ! Depuis quelques années notre réserve naturel n’en a plus…Les limites du parc ne suffisent pas à protéger les animaux, avec de l’argent les milliardaires continuent de s’offrir des trophées, dans des chasses illégales ! » répondit le vieux guide.

    La voiture revint à son point départ. Les gens se dirigeaient vers la sortie du parc national.

    Derrière les bâtiments, on pouvait apercevoir des camions chargés de matériel. Des employés allaient et venaient autour avec des outils et du matériel. Ils allaient réparer les clôtures en limite de la réserve.

    Le vieil homme  tendait la main à son passager pour lui dire au revoir, et demanda :

    -« Mais au fait jeune homme vous ne m’avez pas dit ce vous allez étudier en Europe ? »

    Le jeune indou regarda le guide un instant puis répondit :

    -« Je fais des études en littérature et plus précisément en littérature britannique ! Je fais des recherches sur un grand écrivain et défenseur de la nature qui s’appelle Rudyard KIPLING ! »

    Le jeune homme serra la main de son guide et sortit de la voiture. Il se dirigea ensuite en direction du bus qui attendait ses passagers. Louis fit quelques pas puis se retourna vers le vieux guide. Il fouilla dans ses poches et sortit une boite en cuir. Il s’approcha de la jeep en direction du conducteur et lui dit :

    -« Tenez ce cadeau, il vous portera chance comme il l’a porté à ma famille. C’est une griffe de Shere-Khan que mon arrière grand père avait gardé. Elle m’a été donnée par mon père avant qu’il ne meurt. Il parait qu’elle protège les petits d’hommes…et permet aux hommes de vivre en bonne entente avec les animaux  de la jungle. Merci de vous occuper et protéger les amis de mon aïeul».

    Le guide prit la boite, et ouvrit doucement le couvercle tandis que le jeune homme s’éloignait de la voiture…Il monta dans le bus qui avait déjà le moteur allumé, prêt à partir. A travers la vitre, les deux hommes se firent un signe de la main quand le bus s’ébranla pour entamer le voyage du retour vers la ville…

     

    Jean François LOUBET

    « Albert Einstein...Méfiez-vous du chant des Sirènes... »

  • Commentaires

    1
    petitfilou
    Jeudi 8 Avril 2010 à 11:17
    Combien faut-il que la situation économique et sociale de notre pays soit au plus bas, que la crise de confiance vis à vis de notre Président soit à son Zenith, que le navire prenne l'eau de tous bords, pour que l'équipe dirigeante en vienne à utiliser ce genre de camouflet déjà utilisé en d'autres temps ( ex: l'histoire des ferrets de la reine Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII ). En serions-nous revenus à ce siècle de complots et de cabales où le destin des nations se jouait autant au niveau des instances politiques que dans les antichambres des palais. Jflou, bravo pour ton article ! Amicalement, Michael GREYX
    2
    jflou83 Profil de jflou83
    Jeudi 8 Avril 2010 à 11:53
    Merci Michael pour ce commentaire...
    Amicalement...Jef
    3
    petitfilou
    Samedi 10 Avril 2010 à 15:54
    Revenant faire un tour sur ton blog, je m'aperçois que mon commentaire ne concernait pas cet article mais un autre de tes articles " Méfiez-vous du chant des sirènes ! " que j'ai trouvé particulièrement pertinent et bien tourné. Je te prie de bien vouloir m'en excuser. Tu as certainement pensé que j'étais complètement à côté de la plaque ... et bien, tu vois ... oui ... ça m'arrive parfois ! Cordialement, Michael GREYX
    4
    jflou83 Profil de jflou83
    Samedi 10 Avril 2010 à 16:02
    J'avais compris que c'était une petite erreur...merci pour ton commentaire!
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